ARCHÉOLOGIE - L’archéologie urbaine

ARCHÉOLOGIE - L’archéologie urbaine
ARCHÉOLOGIE - L’archéologie urbaine

Par définition, l’archéologie s’occupe essentiellement des aspects matériels de la vie, vestiges ou traces ténues laissés sur un site par ses occupants au cours des âges. Une ville est un lieu, un site complexe, organisé autour de centres générateurs. À l’ombre d’édifices somptuaires se développe la vie de ceux qui constituent la communauté urbaine. À côté des monuments publics s’étendent des quartiers, parfois spécialisés dans leur fonction – résidentielle, commerçante ou artisanale, par exemple. Chacun à sa façon rend compte de ce qu’ont été les conditions d’existence, le degré de richesse des individus comme de l’agglomération.

La diversité du centre urbain ouvre la porte à une multitude d’études possibles. La ville concentre en son sol une infinité d’indices que la fouille archéologique révèle. Parmi eux, au gré de leur intérêt personnel ou des tendances de la discipline, les archéologues font un choix plus ou moins raisonné. Ils étudient avec précision tel ou tel aspect, éliminent ou accentuent telle ou telle perspective.

À mesure que se perfectionnaient les moyens techniques de la discipline, à mesure que les connaissances acquises entraînaient la définition de nouveaux centres d’intérêt, l’archéologie urbaine s’est développée pour finir par prendre en considération l’intégralité du fait urbain. Les étapes ont été jalonnées par la mise en œuvre de problématiques de plus en plus subtiles. À l’origine recherche sur un monument ou un ensemble monumental situé en milieu urbain, l’archéologie est ensuite devenue compréhension de l’urbanisme, enfin, à l’heure actuelle, essai d’élucidation du phénomène d’urbanisation. Ainsi, on est passé, depuis les années soixante, d’une approche très spécialisée où prédominaient les préoccupations esthétiques à une conception plus synthétique embrassant l’ensemble du tissu urbain.

Si les moyens d’investigation ont considérablement évolué, le matériau de réflexion, lui, est resté identique, même s’il est interrogé avec plus de précision, même si les questions sont mieux sériées et les réponses soumises à une critique beaucoup plus aiguë.

Or la nature du matériau impose à l’archéologie ses limites, borne son champ d’action. Du sol sont extraits les renseignements livrés par les restes enfouis; à la surface sont déchiffrés les informations inscrites dans le plan des rues, les façonnages du paysage par l’habitant; des vestiges conservés se dégagent volumes et perspectives dont peut être déduit l’aspect de l’ensemble. Toutes choses qui touchent en priorité au cadre de vie.

Dans une ville longtemps occupée – Marseille a 2 600 ans, Lyon 2 000, Athènes 2 800 –, ce sont en quelque sorte plusieurs agglomérations qui se sont succédé à la fois en se superposant les unes aux autres et en s’étendant dans l’espace. Ce mouvement de succession et de croissance n’est ni uniforme, ni régulier. Périodes d’extension et de rétraction alternent, touchant tout ou partie de l’agglomération. Le sol recèle les traces de ces phénomènes que l’archéologue, par des moyens d’investigation appropriés, peut discerner; il peut aussi leur assigner une date. L’étude archéologique devient ainsi l’étude des transformations dans le temps, l’étude de l’action continue, raisonnée ou non, de l’homme sur le milieu dans lequel il vit, l’étude de l’évolution d’un site à travers l’histoire. Et derrière la réalité des choses transparaissent les hommes et leur société. L’archéologue n’est jamais en prise directe sur la volonté des êtres humains dont il observe les créations. Pour atteindre l’homme, saisir les raisons qui ont présidé à telle ou telle réalisation, il faut emprunter le passage obligé des supputations, déchiffrer des symboles, tenter de saisir la signification de l’ordonnance des choses.

Cela n’est pas une propriété exclusive de l’archéologie urbaine. Sur tout site archéologique, ces écueils se rencontrent. Simplement, sur les sites urbains, de loin les plus complexes et les plus diversifiés qui se puissent rencontrer, la multiplication des indices constitue paradoxalement à la fois une difficulté spécifique et une aide précieuse. Difficulté spécifique en ce sens que l’attribution de façon assurée de tel indice à telle période de l’évolution de la ville est parfois délicate, mais aussi parce qu’il n’est pas toujours aisé de saisir le général, applicable à l’ensemble urbain, derrière le particulier. Aide précieuse, en revanche, parce que la répétition, la concentration des indices permettent aussi bien des précisions que des généralisations.

Villes mortes et villes vivantes

Ensemble clos, extrêmement complexe, dont l’archéologue tente de rendre compte dans son évolution, la ville devient un enjeu lorsqu’elle a perduré jusqu’à nous. Plusieurs cas peuvent se présenter.

La ville peut avoir périclité, disparu de la carte pour des raisons économiques, politiques ou naturelles. Nous en avons un exemple saisissant avec Pompéi, figée définitivement un matin de 63 après J.-C. Les rivages du Proche-Orient sont truffés de colonies grecques et romaines, de comptoirs florissants qui ont totalement disparu et qui se trouvent aujourd’hui en terrain désertique. Les plus anciennes cités connues du Proche-Orient ont également été rayées de la carte: Habuba Kebiza Süd (IVe millénaire), Ur (IIe millénaire) ou Babylone (VIe s. av. J.-C.) par exemple. Autorisant une approche archéologique rigoureuse et systématique pratiquée dans des conditions satisfaisantes, ces villes mortes, et elles sont nombreuses, permettent une étude de ce que fut l’organisation de telle ou telle société à une époque donnée, souvent très reculée dans le temps.

L’autre cas de figure concerne les villes qui sont encore occupées aujourd’hui: villes du bassin méditerranéen, qui fut longtemps le lieu privilégié, pour ne pas dire exclusif, de la recherche archéologique; mais aussi, après la Seconde Guerre mondiale et sous la pression des événements, villes des différents territoires nationaux. Britanniques et Allemands ont ainsi mis à profit les désastres de la guerre, la reconstruction des villes détruites, défoncées par les bombardements, pour établir les premières observations archéologiques systématiques sur des villes occupées. Cet intérêt devait redoubler et s’approfondir – et la notion d’archéologie urbaine se préciser – avec les années soixante-dix, toujours sous la pression de phénomènes extérieurs: en l’occurrence, les problèmes posés par la rénovation des centres anciens.

En constant renouvellement parce qu’en pleine vie, les villes occupées posent à l’archéologue des problèmes qui débordent du strict cadre de la science. Les archéologues se sont rendu compte qu’il leur était impossible de se livrer à leur activité au sein d’une société active sans établir des contacts, parfois difficiles, avec ceux qui décident de l’utilisation de l’espace urbain. Depuis l’après-guerre, on assiste à une érosion effrénée des centres historiques européens. Le sous-sol des villes anciennes, où se sont entassés jusqu’à huit ou dix mètres de dépôts liés à la présence de l’homme, est détruit, balayé à un rythme jamais atteint. Comparé à la durée d’existence d’une ville, ce phénomène est récent: tant que l’homme n’a disposé que de l’énergie animale pour creuser et charroyer, même les projets les plus somptueux n’ont affecté que des parties restreintes de l’espace urbain. De plus, la règle étant de récupérer autant que faire se pouvait les matériaux réutilisables, toute activité a laissé des traces. Ce sont ces traces qui ont provoqué l’exhaussement du sol, ce sont elles que l’archéologue examine. Au XIXe siècle, déjà, on a beaucoup détruit, mais rarement au cœur ancien des villes, laissé à la décrépitude, et qui est allé en se paupérisant. En revanche, depuis le début des années soixante, les difficultés de circulation et surtout de stationnement, le coût des terrains, les nécessités de concentration des organes de décision ont conduit à construire haut, profond et dense, et donc à remodeler entièrement certains centres historiques. D’où la naissance d’une archéologie de sauvetage, négation même de la recherche programmée. Pris au dépourvu, sans moyens ni recours, les archéologues ne pouvaient que crier au scandale ou bien se contenter d’intervenir tardivement et hâtivement. Cette période de crise a connu plusieurs phases. Dans l’immédiat après-guerre, les urgences étaient trop grandes pour que les impératifs archéologiques pussent être pris en considération; de plus, il n’y avait que peu d’archéologues. À partir des années soixante et pendant presque toute la décennie de 1970, l’incompréhension et les conflits se généralisèrent. Depuis les années quatre-vingt, en France, avec le développement au sein du ministère de la Culture, d’un service spécialisé et la création de directions dans les régions, le contact s’est établi enfin, même s’il apparaît difficile de faire table rase d’années d’incompréhension et d’antagonismes.

Des archéologues dans la ville

Il existe une différence radicale entre l’archéologie pratiquée dans une ville vivante et celle que l’on peut pratiquer dans une ville désertée. Ce que l’archéologue examine vit toujours. En conséquence, son étude devient plus que jamais celle de l’évolution, des transformations du phénomène urbain, sans limites dans le temps. Il est absolument indispensable que l’archéologue qui étudie une ville, que ce soit Damas, Lübeck, Cracovie ou Reims, considère l’intégralité de l’histoire de ce centre s’il souhaite que ses découvertes aient un retentissement plus large que celui de la connaissance formelle.

Cette idée fait son chemin au sein de la communauté scientifique européenne, mais elle a du mal à franchir les limites du monde, encore replié sur lui-même, des archéologues, car ces derniers n’ont pas trouvé le langage, ni peut-être les éléments d’information qui leur permettront de se faire entendre de ceux qui ont la charge de la cité: aménageurs, architectes, urbanistes.

En premier lieu, si l’idée d’une ville musée fixée dans le temps et l’espace est largement acceptée à Baalbeck, à Glanum, Tipasa ou Persépolis, elle est repoussée, à juste titre, par ceux qui participent activement aux transformations des villes. On voit immanquablement dans l’archéologue un être hors du présent, dont le but inavoué serait de tout conserver en l’état, et de rétablir ainsi les vertus d’un passé idyllique.

Que peut proposer l’archéologue, comme acquis spécifique de sa discipline, qui soit utile au présent et à l’avenir d’une communauté? Il peut ou devrait pouvoir répondre à une demande sociale encore mal formulée. Dans nos sphères très urbanisées, l’individu, comme la société, éprouve le besoin de connaître le milieu dans lequel il évolue et de s’y reconnaître.

Lorsque l’objet d’étude est un ensemble disposant d’un passé, d’un présent et d’un avenir, l’archéologue ne peut se couper de ces deux dernières dimensions du temps et de l’espace. Le passé n’est ni uni, ni figé; portant sur des dizaines de siècles, il a connu des évolutions, des aménagements, des changements radicaux. Chacune des phases de ce passé a constitué, en son temps, un présent qui a porté les germes de l’avenir. Il reste qu’aujourd’hui, à la différence d’hier, l’avenir, même à court terme, est imprévisible. Le visage des cités s’est constitué en un temps très long dont la formule «Paris ne s’est pas fait en un jour» donne la mesure. Ce que sera Paris demain, dans sa forme et surtout dans son contenu, qui peut le dire? L’effacement d’hectares entiers au cœur des villes réduit à néant ce qui a nécessité l’apport successif de multiples générations. Le rôle de l’archéologue n’est certes pas de jouer les Cassandre et de se contenter de proclamer à la cantonade que la société va à la catastrophe, que nos villes sont inhumaines. En revanche, son rôle pourrait être de contribuer à comprendre et à faire comprendre à quelles conditions Paris pourrait ne pas être la copie conforme de Londres, de Philadelphie ou de T 拏ky 拏.

L’identité urbaine

Ce qui permet au voyageur de distinguer York de Rouen et Pise de Florence est du même ordre que ce qui interdit au même voyageur de savoir où fixer la tour Montparnasse: dans la Cité de Londres, à Luxembourg, à Dakar ou à Canberra? Il n’y a pas de procès à faire de l’architecture contemporaine ou de l’urbanisme présent. Ce que l’archéologue est en mesure de constater, peut-être mieux que quiconque, c’est la coupure profonde qui sépare le passé, même récent, du présent, dans plusieurs domaines touchant au cadre de vie immédiatement et constamment perceptible: les matériaux de construction et le tissu urbain.

En contact étroit avec les réalisations matérielles d’une communauté urbaine, l’archéologue connaît les matériaux propres à chaque région et leurs associations: ici la pierre tendre et l’ardoise; là, la brique, le bois et la tuile; là encore, la pierre volcanique et la tuile. Leur résistance au temps, leurs applications, leurs limites et leurs possibilités sont attestées par les découvertes archéologiques. Outre les ressources locales, les importations traditionnelles des matériaux faisant défaut sont connues.

Passant de l’unité à l’ensemble, l’archéologue est en mesure, lorsque son étude porte sur toute l’histoire de la ville, de saisir et d’expliquer dans le détail les causes et les raisons d’être du découpage de la trame urbaine. L’agencement des pâtés de maisons, leur taille respective, la densité du réseau des rues, la largeur des voies, tout répond aux exigences particulières de la vie urbaine. La hiérarchisation de la voirie entre voies de circulation et voies de desserte, la spécialisation des rues par métier, l’étroite juxtaposition des couches sociales au sein d’un même quartier ont longtemps contribué à donner aux villes à la fois un air de famille et une identité propre par l’agencement particulier à chaque lieu. L’espace urbain était rythmé par la présence des lieux publics, églises, cimetières, places de marché, châteaux auxquels menaient les voies principales.

Ce sont les mêmes ingrédients qui, en tous lieux et à toutes époques, ont constitué les données élémentaires du paysage urbain. Ce sont les conditions locales, politiques, religieuses, sociales, climatiques qui ont créé l’identité urbaine de chaque cité. Lorsque Charles Péguy oppose Notre-Dame des épis à Notre-Dame des têtes, ce sont moins les deux édifices qu’il différencie que le caractère urbain des deux agglomérations, Chartres et Paris.

Déjà, au XIXe siècle, la création des grandes artères urbaines contribua à unifier le visage des grandes villes. Cependant les matériaux utilisés, l’aspect des façades conservaient des propriétés distinctes liées à l’utilisation de techniques différentes. Aujourd’hui, non seulement le tissu urbain est comparable, où que l’on se trouve, mais encore les matériaux sont identiques et uniformisent les réalisations.

Ainsi, le rôle de l’archéologue pourrait ne pas se limiter aux secteurs de la recherche pure. Il est en mesure d’expliquer aux habitants la façon dont s’est formé le quartier où ils vivent et travaillent et ce qui en fait l’originalité. Il peut faire comprendre à chacun ce qui l’attache au lieu où il vit. La demande en ce domaine est constante. La ville favorise, par sa complexité archéologique, la durée des programmes de recherche, donc l’implantation de l’équipe en un même lieu et les relations entre l’archéologue et le public. Il est difficile et lent d’extirper de l’imagerie la figure de l’archéologue à la recherche de trésors fabuleux ou de tombes princières, mais l’expérience a montré, à chaque fois qu’elle a été tentée, que le public, même néophyte, montre un engouement moins pour les choses du passé en elles-mêmes que pour la connaissance de son environnement immédiat.

Il est possible de démontrer à ceux qui sont responsables de l’avenir de la cité en quoi l’identité d’une ville est le fruit de l’expérience urbaine, en quoi la percée de telle ou telle pénétrante peut compromettre l’équilibre aussi bien architectural que social d’une entité. Enfin, l’archéologue devrait être en mesure d’avancer des propositions concernant l’avenir du visage de la cité. Si l’on admet que rien ne peut se faire qui ne tienne compte de l’acquis, alors la place de l’archéologue est autant dans l’avenir que dans le passé.

L’archéologie urbaine occupe donc une place spécifique. De l’archéologie, elle affronte toutes les difficultés techniques et scientifiques, accrues par l’amplitude du champ chronologique et la diversité des vestiges, qu’ils soient enfouis ou préservés. Il lui faut, en outre, s’intégrer à un monde en pleine vie dont elle ne peut se faire comprendre et entendre qu’à la condition d’en saisir les nécessités.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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